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SNPM Syndicat National des policiers Municipaux

Les polices municipales de plus en plus armées en Picardie

L’arme létale gagne du terrain. Si les policiers municipaux de Noyon l’ont toujours eue, ceux de Beauvais vont en disposer prochainement.

L’arme létale gagne du terrain. Si les policiers municipaux de Noyon l’ont toujours eue, ceux de Beauvais vont en disposer prochainement.

LES FAITS

84 % des policiers municipaux en France étaient équipés d’une arme en 2016, de la bombe lacrymogène à l’arme à feu

21 500 policiers municipaux maillent le territoire français.

78 propositions ont été émises par deux députés Rem dans un rapport parlementaire pour favoriser la « coproduction de sécurité » entre police et gendarmerie nationale, polices municipales et acteurs de la sécurité privée.

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Pas d’armes à feu pour les policiers municipaux d’Amiens. Le maire (UDI), Brigitte Fouré, ne cède pas. Et ce n’est pas le rapport parlementaire remis au premier ministre le 11 septembre dernier par deux députés REM, Jean-Michel Fauvergue (ancien patron du Raid) et Alice Thurot proposant, notamment, de rendre obligatoire les armes à feu pour les policiers municipaux en France, qui lui ont fait changer d’avis.

Pour ou contre une police municipale armée ? Et comment ? Depuis bien longtemps, ce sujet fait débat dans beaucoup de villes de France et en Picardie. Aucune harmonisation n’ayant été définie sur le plan national jusqu’à présent, doter d’armes ces fonctionnaires dépend du bon vouloir des municipalités. Et depuis 2015, surtout depuis les attentats dramatiques, les choses ont évolué. À ce jour, en France, plus de la moitié des villes moyennes ont doté leurs policiers municipaux d’armes à feu.

Beaucoup de communes de l’Oise ont franchi le pas

En Picardie, ce débat fait beaucoup de bruit depuis plusieurs années. Le maire de Beauvais, Caroline Cayeux (divers droite), avait lancé une consultation sur la question en septembre 2015. Résultat : près de 67 % des Beauvaisiens se sont dits opposés à cet armement. L’élue a donc rejeté la demande insistante de ses agents. Mais trois ans plus tard, en mai 2018, elle a cédé en donnant son feu vert. Les agents municipaux seront équipés en 2019. Pour autant, Caroline Cayeux souhaite des clarifications. «  Au niveau des principes, la police municipale doit continuer à agir en complémentarité – et non en substitution – de la police nationale ou de la gendarmerie  », avertit Caroline Cayeux dans le 4e « panorama » de l’association « Villes de France » dont elle est présidente : « Nous assistons à une évolution progressive des rôles. Pour lever les incertitudes, « Villes de France » souhaite – à travers des états généraux de la sécurité – que l’État clarifie sa vision et sa doctrine d’emploi de l’ensemble des acteurs de la sécurité.  »

Dans la Somme, peu d’agents portent une arme à la ceinture, à part ceux de Roye et de Rivery. Dans l’Aisne, il y en a à Chauny, mais aussi, depuis 2016, à Saint-Quentin. C’est dans l’Oise que l’on trouve le plus d’agents équipés d’une arme létale. C’est le cas notamment à Chantillly, Senlis, Lamorlaye, Crépy-en-Valois, Saint-Just-en-Chaussée, Compiègne…

D’autres communes picardes vont-elles accorder cet armement prochainement ? Si le rapport parlementaire est suivi, les maires garderont toutefois le pouvoir de décision. L’armement serait certes obligatoire, mais l’élu pourrait s’y opposer en motivant sa décision. L’harmonisation n’est donc pas pour demain.

«L’arme fait partie de l’uniforme»

À Noyon, la police municipale a toujours été dotée d’une arme à feu. Dans les bureaux des agents municipaux, on ne comprend pas pourquoi cette question peut faire débat en France. «  L’arme fait partie de l’uniforme du policier  », commente le chef des 17 agents, Éric Chevalier.

«  Cela fait partie de mon travail. Je ne conçois pas d’être sur la voie publique sans mon arme  », appuie l’un de ses hommes. À Noyon, les policiers municipaux n’ont jamais fait usage de leur arme. «  Et nous touchons du bois pour que cela n’arrive jamais  », assure Éric Chevalier. Pour autant, son port leur semble obligatoire. «  Le monde est de plus en plus violent. Si on veut assurer la sécurité des gens, il faut qu’on commence par assurer la nôtre  », explique cet agent. Et d’expliquer que les agents municipaux sont très souvent en première ligne, les premiers arrivés sur des interventions liées à des conflits.

Quid des gens qui pensent qu’on ne peut pas confier des armes à des personnes qui sont dans la police municipale parce que rejetées de la police nationale ou de la gendarmerie ? «  Ce n’est pas du tout le cas. J’ai 30 ans de profession derrière moi, et je l’ai choisie. Parce que l’on est proche des gens, nous sommes dans le contact, la proximité  », argumente le chef. Y a-t-il un risque d’un défaut de formation ? «  Une arme, ce n’est pas un jouet, et les agents doivent la connaître sur le bout des doigts  ».

Ici, on insiste sur la formation lourde que nécessite le port d’arme. Et à Noyon, on sait de quoi l’on parle puisque deux agents sont assermentés « moniteurs en maniement d’arme ». Après avoir obtenu un certificat d’aptitude délivré par un psychiatre, ils suivent deux jours de formation juridique théorique et une formation pratique de 10 jours se terminant par un examen. Puis tous les ans, un exercice de tirs est obligatoire. «  Normalement avec 25 cartouches mais ici, nous en imposons 100  », explique ce formateur. « Tout est très cadré  », résume Éric Chevalier.

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