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e tram ? Je ne le prends plus ici. Je vais à l’arrêt suivant »… C’est sans détour. Marie préfère désormais éviter la station Saint-Georges. Elle n’est pas la seule. Une femme handicapée, en fauteuil électrique passe aussi désormais au large.

C’est dire que la place André-Cajelot n’est plus tout à fait dans le cœur des riverains et des usagers. Plus souvent appelée placette Saint-Georges, parce qu’elle se situe entre l’église du même nom l’arrêt de tram éponyme, face au centre commercial des Deux Rives, elle est devenue un drôle de lieu de rendez-vous. On y croise, sous les grands arbres, des marginaux, des adeptes de la canette et des personnages au profil… indéfini. « Il n’y a pas que des Sdf ici », martèle l’un d’eux. « Tiens, lui, il a une maison, moi j’ai 18 appartements (sic !), lui, il sort de prison, lui, il est couvreur mais au black… ». Certitude : tout le monde boit volontiers un coup. Et plus. « On ne fait pas de mal. On se retrouve et on va même au Bras Vert. Bon, hier, il y a deux filles qui se sont battues mais on n’y peut rien ».

« Aggravation de la situation »

À deux pas de là, du haut de ses 85 ans bienveillant, l’abbé Niclas, qui habite depuis plus de 30 ans une maison qui jouxte le parvis de l’église, dialogue volontiers. « On a un message de compréhension et de soutien », dit-il en ramassant… des bouteilles jetées en nombre par-dessus les grillages de la propriété. « On en connaît quelques-uns depuis longtemps et on les invite à la modération : certains sont discrets et je suis à leur service. Mais d’autres dépassent aujourd’hui les bornes et sont dans le comportement agressif ».

De quoi inquiéter un peu le prêtre. D’ailleurs, du côté des riverains, on préfère, avec appréhension, ne pas parler à visage découvert. « Le problème, ce n’est pas la présence de quelques marginaux. C’est l’aggravation de la situation ces derniers temps. Ils sont parfois là toute la journée et jusqu’à 25 le soir », explique Pierre. Et les « interventions de la police municipale » n’y changent rien.

Des œufs sur la façade

Les riverains doivent composer avec le bruit, les comportements parfois hostiles, les bagarres, les déjections le long de l’église, les détritus. Ou même « les œufs lancés sur la façade bâtiment religieux ». « Dernièrement, on savait qu’il y avait un mariage. Par respect pour les futurs mariés, nous avons demandé un nettoyage aux services municipaux tellement c’était sale », souligne Michel. Pas simple non plus pour les restaurateurs voisins comme La Fabrique à bières. « Nous avons une terrasse mais le soir, du coup, nous l’utilisons très peu. Nous voulons bien respecter leur choix de vie mais nous ne sommes pas obligés de le subir ».

Bref, la cohabitation est devenue très difficile. Et le cap du ras-le-bol est désormais franchi.

Ghislain UTARD