IVAN RIOUFOL : « L’IDÉOLOGIE ISLAMISTE TOTALITAIRE EST EN TRAIN D’ENVAHIR NON SEULEMENT LA TWITTOSPHÈRE, MAIS AUSSI LE DÉBAT, AU POINT DE FAIRE RECULER DES JOURNALISTES »
Vendredi dernier, sur CNews, le journaliste Ivan Rioufol s’est étonné de voir la chanteuse Mennel « enturbanée, alors que les Iraniennes se battent pour enlever le voile », et a déclaré qu’un « voile, aujourd’hui, porté à la télévision, c’est un signe politique ». Ces propos ont déclenché une polémique sur laquelle le journaliste revient au micro de Boulevard Voltaire.
Ivan Rioufol, que s’est-il passé sur CNews ?
C’est assez banal. Il y avait un débat animé à propos de cette chanteuse Mennel et du message qu’elle était censée passer à travers son turban. J’avais expliqué que c’était une sorte de visibilité politique.
Dans ce débat, j’invitais à faire la différence entre l’islam vu comme religion et l’islam vu comme un corpus idéologique.
Alors, pourquoi ce débat a-t-il conduit de nombreux internautes à appeler à saisir le CSA ?
Pour l’instant, ces initiatives n’ont pas abouti, mais peut-être que cela ira, en effet, jusqu’au CSA. En fait, des « journalistes » jugeant mes propos intolérables ont immédiatement lancé des demandes de dénonciation au CSA. Mes propos ne mettent pas du tout en cause les musulmans comme on voulait me le faire entendre, mais mettaient en cause une idéologie totalitaire. Ceci est devenu quelque chose d’indicible pour beaucoup de ces musulmans-là.
Le problème est venu de cette délation lancée par des journalistes. Elle a été retwittée, et donc soutenue par Jean-Michel Aphatie lui-même. En termes de confraternité, c’est assez peu glorieux. Cela montre la perméabilité d’un certain monde médiatique vis-à-vis de cet islam radical. Cela montre aussi la manière dont ces islamistes-là entendent instrumentaliser le CSA en attendant de lui qu’il sanctionne une opinion. Peut-être sanctionnera-t-il mon opinion. S’il le fait, ce sera évidemment un scandale, car le délit de blasphème, à ma connaissance, n’est pas encore établi en France.
La liberté d’expression est d’alerter, surtout lorsqu’il s’agit d’alerter sur des dérives totalitaires. Et je soutiens que cet islam politique porte cette dérive quand il est pris à la lettre. Encore une fois, je ne parle pas de la religion en elle-même, mais de ses dérivés qui entendent imposer une idéologie totalisante et totalitaire à travers un Code civil, pénal et de commerce, et à travers des comportements obligés, etc.
La chanteuse Mennel est-elle vraiment une expression de cet islam radical ?
C’est tout le débat ! Je soutenais qu’à travers le port, non pas du voile, mais de cette sorte de turban, elle affichait un signe politique. On peut ne pas être d’accord. Il se trouve qu’elle a ensuite publié d’autres tweets et d’autres allégeances au monde islamique, notamment à travers Tariq Ramadan. Cela laisse à supposer que ma qualification de « politique », en parlant de son turban, était exacte. Cela pouvait naturellement être contesté. Je ne prétends pas à une vérité. Mais il semble bien, en effet, qu’elle fût l’instrument d’une visibilité « soft » d’un islam qui entend aujourd’hui subvertir à peu près toute la société. En l’occurrence, elle était sur une télévision grand public.
Ses tweets n’étaient quand même pas anodins. Ils marquaient une désolidarisation de la France et de la société occidentale. Elle assumait parfois une haine de ce que nous étions. Elle disait « Je veux foutre le camp de ce pays », etc. À travers cette visibilité qu’elle voulait assumer, elle répondait aux impératifs de Tariq Ramadan. Celui-ci incite aujourd’hui la communauté musulmane à accéder à sa visibilité afin de se détacher et de faire comprendre qu’elle ne se reconnaît pas totalement, voire pas du tout, dans la société occidentale. Ce genre de débats devrait donc être posé aujourd’hui sereinement sans avoir à s’insulter.
La somme d’agressivité et d’insultes qui se déversent par l’islamosphère sur Twitter est assez incroyable.
Je lisais qu’une des accusatrices de Tariq Ramadan a renoncé, hier, à se défendre à nouveau sur Twitter, tellement elle était ébranlée par la méchanceté des insultes qu’elle recevait.
Il faut que les gens se rendent compte, aujourd’hui, que l’idéologie islamiste totalitaire est en train d’envahir non seulement la twittosphère, mais aussi le débat, au point de faire reculer des journalistes et d’ébranler peut-être même des institutions comme le CSA.
Quel est le problème, selon vous ? Hystérisation du débat ou complaisance vis-à-vis de l’islam ?
C’est un peu les deux. Vous avez une complaisance telle, aujourd’hui, vis-à-vis de l’islam radical et politique que, lorsque vous enfreignez cette complaisance, vous avez immédiatement un front commun qui vous fait comprendre que vous proférez là des propos racistes ou homophobes et que vous distillez la haine. Cela est repris naturellement par le monde islamique, mais aussi – et c’est beaucoup plus grave – par la partie la plus complaisante de la presse. De mon point de vue, elle se comporte comme les collaborateurs qu’on avait vus avec l’idéologie totalitaire nazie. Aujourd’hui, vous avez les mêmes collaborateurs qui collaborent à cette idéologie totalitaire. Elle est aujourd’hui islamiste, mais elle est aussi dangereuse qu’ont pu l’être le nazisme et le communisme.
Que cela révèle-t-il de l’état de l’opinion ?
Cela reste une anecdote. Mais au-delà de l’anecdote, il y a une vraie fracture, aujourd’hui, dans la société. Elle est constituée par cette prétention de l’islam radical à vouloir imposer ses vues et à ne pas vouloir supporter la moindre critique. Un certain nombre de journalistes sont prêts à accepter cette soumission-là. C’est un véritable drame, et c’est cela qui est dangereux.
Tout mon soutien va singulièrement à ces femmes musulmanes seules qui se battent, aujourd’hui, pour essayer de reconquérir leur liberté en enlevant leur voile et en s’assumant face à cet islam totalitaire particulièrement violent et méchant vis-à-vis d’elles. Il peut naturellement ébranler beaucoup de convictions. Il faut avoir les reins solides, aujourd’hui, pour se battre.
Nous vivons une sorte de guerre idéologique qui, peut-être, nous laisse comprendre ce que sera, demain, le futur de la France si personne ne se réveille. Mais, Dieu merci, on commence à se réveiller.