La fin de la trêve hivernale amène, chaque année, son lot de changement… Parmi eux, les expulsions et notamment les démantèlements de camps de Roms. Mardi dernier, c’est à Grigny que les forces de l’ordre se sont rendues pour démolir l’un des camps. Ce jeudi, le bal des expulsions se poursuit à Champlan, où se trouvent les plus anciens bidonvilles du territoire Nord-essonnien. « C’est sur ce camp que vivent, ou ont vécu, tant d’enfants de notre association, des jeunes en service civique et des familles que nous connaissons depuis de nombreuses années », déplore Laurent Ott, membre actif de l’association Intermèdes Robinson créée en 2005 «  dans le but de promouvoir des expériences de vie sociales, éducatives et communautaires, réellement accessibles ».

 Démantèlement d’un camp à Grigny

Chaque année, les expulsions et démantèlements s’enchaînent au fil des décisions de justice. Une situation que les militants sont « fatigués » d’observer. Laurent Ott n’hésite pas à parler d’une «  banalisation, qui permet de perpétuer encore et encore la pratique aussi absurde que destructrice des expulsions  ». Ce membre de l’association, dont les «  actions s’appuient sur les principes d’inconditionnalité, de gratuité et de coopération », dénonce la régression des conditions d’expulsions : « Elles ont changé, elles ressemblent de moins en moins à des opérations militaires. Mais nous, qui travaillons avec les enfants, pouvons témoigner qu’elles sont toujours aussi inacceptables, traumatisantes, et qu’elles laissent des séquelles à long terme chez les enfants, comme chez les parents  ».

C’est à 7h, ce jeudi matin, que les opérations ont été lancées. « Seules » huit familles, soit entre 32 et 35 personnes, se trouvaient sur le site à ce jour, sur un camp «  qui devait compter, aux temps les plus forts, pas loin de 50 familles », indique Abdelnasser Pochet, pédagogue social et proche des familles. Un incident étant survenu il y a quelques jours dans ce camp, une grande partie de la population avait déjà quitté les lieux : « Les familles restantes sur le site étaient celles qui tenaient absolument à obtenir une chambre en hôtel social ». En effet, en cas d’expulsion, un relogement temporaire en hôtel social doit obligatoirement être proposé aux concernés : « Même si la plupart des familles refusent car les conditions de vie dans ces hôtels sont trop dures pour eux, il y a tout de même des familles qui souhaitaient en obtenir  », témoigne le membre associatif.

Si le démantèlement s’est une fois de plus déroulé sans heurts, comme ce mardi à Grigny, Abdelnasser Pochet déplore tout de même le comportement des forces de l’ordre : « La police municipale a commencé à détruire les maisons des familles avant même qu’elles n’aient quitté le terrain. Des menaces de contraventions ont même été proférées à l’encontre de certaines familles  », finit-il par dénoncer.