Docteur en droit – Commissaire divisionnaire honoraire

C’est dans un contexte sécuritaire particulièrement délabré que le ministre de l’Intérieur a annoncé, jeudi dernier, le lancement de la nouvelle « police de sécurité du quotidien ». C’est ainsi à une promesse de campagne d’Emmanuel Macron que Gérard Collomb a tenté de donner corps, sans convaincre qui que ce soit, il faut bien le reconnaître. D’abord parce que les problèmes de fond demeurent. En effet, à aucun moment de sa présentation le ministre de l’Intérieur n’a clairement désigné ceux qui, aujourd’hui, constituent un danger omniprésent pour notre sécurité. Il aurait pu rappeler la grave menace terroriste qui pèse toujours sur notre pays avec le retour programmé de nombreux djihadistes, dont manifestement nos gouvernants ne savent que faire. Il aurait pu évoquer, ensuite, les désordres, voire l’anarchie totale, qui règnent dans bon nombre de nos quartiers, actuellement livrés aux gangs et aux trafics en tous genres, et au sein desquels nos policiers ne peuvent plus pénétrer sans courir le risque d’être violemment agressés. Il aurait pu également souligner les nombreuses villes qui voient proliférer les règlements de comptes à coups d’armes automatiques, sans qu’il soit possible d’y mettre un terme définitif, faute de réelle volonté de s’attaquer aux racines du mal.

Non, notre ministre a préféré – et l’on devine pourquoi – rester dans les généralités. Il a donc parlé de forces de l’ordre plus nombreuses sur le terrain. Mais où ira-t-il les chercher, alors que l’on sait que le manque d’effectifs est tel que de nombreuses missions de base ne sont plus réalisées ? Il a repris la vieille revendication des tâches indues qui entravent l’action de nos policiers et de nos gendarmes au quotidien. Mais sans donner la moindre piste de solution. Il a évoqué une collaboration plus étroite entre les policiers, les gendarmes et la Justice, oubliant cependant de définir les nouveaux contours de ces relations transformées, tout en renvoyant à une loi future. Il a, enfin, prôné la mise en œuvre de méthodes de travail rénovées, ainsi qu’un nouvel état d’esprit dans la réalisation des missions de sécurité publique. En un mot, un discours complètement hors-sol, déconnecté des réalités et digne de ceux que la gauche nous sert depuis des décennies sans apporter la moindre solution crédible au mal qui ronge notre société.

Cette nouvelle police de sécurité du quotidien, qui doit démarrer dans trente quartiers prioritaires, s’annonce à l’évidence comme une nouvelle grande et vaste fumisterie. Alors qu’il y a quelques mois seulement, nos policiers étaient dans la rue pour demander de meilleures conditions de travail et la mise en place d’une politique de sécurité digne de ce nom. Alors que les agents de l’administration pénitentiaire étaient, eux aussi, dans la rue, il y a à peine quelques semaines, pour attirer l’attention du gouvernement sur le délabrement de nos prisons et les dangers liés à la radicalisation de certains détenus, le gouvernement Macron nous ressort des recettes éculées qui ont déjà fait la preuve de leur inadaptation et de leur inefficacité.

Il n’y a donc rien à attendre de ce gouvernement en matière de sécurité intérieure. Le vide sidéral, en la matière, du programme présidentiel d’Emmanuel Macron nous l’avait laissé supposer. Nous en avons, désormais, la certitude. Les grandes réformes indispensables, celles qui auraient pu permettre à notre système sécuritaire de s’adapter aux nouveaux enjeux, devront encore attendre. Il ne reste plus à espérer que cette incurie de ceux qui, délibérément, exposent les Français aux plus graves dangers ne conduira pas notre pays vers un chaos qui, de jour en jour, s’annonce comme inéluctable.