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Gang du tramway de Montpellier : les détails de l’opération de police à Perpignan

Posted On 14 Fév 2018
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FRANÇOIS BARRÈRE

Dix-sept Bosniaques soupçonnés d’avoir dirigé des dizaines de jeunes voleuses ont été placés en garde à vue lundi 12 février.

Pendant plus d’un an, elles avaient mis en coupe réglée certains arrêts du tramway de Montpellier. Au point que Tam a été contrainte de diffuser en permanence des messages de mise en garde aux voyageurs, pour signaler la présence de pickpockets. Il a aussi fallu changer les distributeurs de tickets, contre des appareils protégeant mieux les utilisateurs de carte bancaire.

Car depuis 2015, au Nouveau Saint-Roch, à la gare ou place de la Comédie, des centaines d’usagers du tram ont été victimes de ces jeunes filles aussi bien entraînées qu’efficaces. Inégalables, pour repérer le code d’une carte, lors de l’achat de tickets de tram en station. Agiles, pour dérober le portefeuille dans la bousculade de l’ouverture des portes.

A SAVOIR

Clan Hamidovic

Parmi les suspects figurent plusieurs membres de la famille Hamidovic, dont le patriarche, Fehim, 65ans, arrêté en 2010, a été condamné en 2014 à douze ans de prison par la cour d’appel de Paris. La justice avait établi qu’il supervisait un réseau de dizaines de voleuses à la tire opérant dans le métro de la capitale.

À l’époque, plusieurs suspects avaient déjà été arrêtés à Perpignan et à Montpellier. L’enquête de la sûreté de l’Hérault a été menée en collaboration avec l’Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI) et la sûreté de Meaux (Seine-et-Marne), plusieurs voleuses repérées à Montpellier opérant aussi autour du site de Disneyland, à Marne-la-Vallée.

Voitures de luxe

Neuf voitures de luxe ont été saisies lors de la dizaine de perquisitions à Perpignan, dont une Porche Panamera (photo), une Audi RS, une BMW X6 et une Fiat Abarth.

MICHAËL ESDOURRUBAILH

1 000 plaintes en 2016

Et rapides, pour filer immédiatement vider le distributeur de billets le plus proche. “En 2016, on a recensé plus de 1 000 plaintes, avec un pic en novembre et décembre”, confie un policier montpelliérain. Les préjudices sont importants : des centaines d’euros à chaque fois, avec “un record à 7 500 € pour un touriste australien qui n’avait pas de plafond de retrait sur sa carte”.

Pour la sûreté départementale de l’Hérault, comme pour le parquet de Montpellier, il y a là un véritable défi. Les policiers ont beau planquer et arrêter en flagrant délit les voleuses, impossible de mettre un terme au phénomène : les jeunes filles n’ont aucun papier sur elles, jurent qu’elles sont mineures. “Elles disaient vivre dans le camp de Roms de La Paillade ou d’Odysseum, ce qui était faux”, précise une source proche du dossier.

Faute de pouvoir retracer leur parcours, et leur passé judiciaire, la seule solution est de les placer en foyer, d’où elles s’enfuient aussitôt. “On en a arrêté certaines trois fois dans le même week-end, soupire un policier. En 2016, il y a eu une centaine d’arrestations mais seulement cinq, dont on a pu prouver qu’elles étaient majeures, ont été condamnées et écrouées.” À la brigade de la délinquance astucieuse, on décide de changer d’approche. Une cellule est créée, spécialement dédiée à cette enquête baptisée “Tram connection”.

Un réseau mafieux

Car les policiers sont convaincus d’avoir face à eux une véritable structure mafieuse familiale. Un an plus tard, les faits leur donnent raison. Grâce notamment à un énorme travail d’étude de la téléphonie des jeunes suspectes, des points communs sont identifiés à Perpignan et repérés grâce aux surveillances de la BRI de Montpellier, qui localise les domiciles de ces familles bosniaques. “Ils sont invisibles sur place, ils n’ont aucune existence administrative, aucun papier, ce sont des fantômes.”

Des écoutes téléphoniques, rendues difficiles car les suspects parlent un dialecte tzigane rare, confirment qu’à distance, les hommes dirigent ces adolescentes qui apprennent dès l’enfance l’art de voler les portefeuilles. “Le système ne s’arrête jamais. Dès que les filles sont trop repérées, ils les bougent, de Montpellier à Lyon, Nantes, Strasbourg, Toulouse”, précise une source proche de l’enquête. Les hommes encaissent ensuite le cash et flambent : discothèques, costumes et belles voitures.

50 000 € saisis

Ce lundi à l’aube, le réveil a été difficile, à la résidence Éolienne, quartier du Moulin-à-Vent, et dans plusieurs logements proches de la place Cassanyes. Hélicoptère, Raid, BRI, gendarmes mobiles, chiens antistups, officiers de police judiciaire. Dix-sept suspects, dont deux mineurs, ont été placés en garde à vue, 50 000 € saisis et onze enfants en bas âge confiés aux services sociaux. La “Tram connection” de Montpellier est pour l’instant à l’arrêt.

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