Évreux. Les incendies en série dans le quartier de la Madeleine inquiètent

De la cage d’escalier se dégage une forte odeur de fumée. Dans les étages, la suie recouvre encore les dalles de carrelage. « Les pompiers nous ont évacués par l’échelle, on ne pouvait plus passer par les escaliers », lance une locataire de cette tour de 36 logements. La tour Hêtre, au 14 de la rue Joliot-Curie à Évreux (Eure).

Dans la nuit de vendredi à samedi, cette habitante, comme tous les autres locataires, doit quitter son appartement. Un incendie s’est déclaré dans les caves de l’édifice. « Des personnes âgées ont été portées pour sortir. »

« J’étais au 6e étage, couché, quand j’ai entendu l’appel de mon voisin pour m’alerter », rapporte un locataire. Certains habitants, ensommeillés, ont même été réveillés par les pompiers.

L’homme s’écarte pour laisser passer les employés d’une société spécialisée dans la gestion de « l’après sinistre ». Pendant plusieurs jours, l’équipe briquera sols, plafonds et colonnes électriques.

Si l’incendie intrigue autant, c’est que d’après des sources policières, il serait d’origine criminelle. Moins de dix jours avant, à quelques centaines de mètres, c’est le premier étage du gymnase Joliot-Curie qui était incendié. Criminel également. Du côté de la police, toujours, on rapporte uniquement « que l’enquête est en cours ».

Tensions palpables

Au sein de l’Hêtre, les tensions sont palpables. L’histoire de la vengeance d’une locataire menacée d’expulsion après des plaintes pour nuisances sonores fait même surface. Mais les spéculations vont plus loin. D’après des témoins, une petite bande d’individus, présente dans le hall de l’immeuble le soir des faits, y serait pour quelque chose. Sous couvert d’anonymat, on rapporte que ces mêmes personnes étaient présentes le soir du 10 septembre. Le jour de l’incendie du gymnase situé à une centaine de mètres.

À noter également que le 30 mai, un violent feu avait également ravagé un appartement, situé à quelques mètres à peine. 24 personnes avaient dû être évacuées, dont sept enfants, vers le centre hospitalier d’Évreux.

Un locataire de l’Hêtre, lui, pointe la sécurité. « Il n’y a aucune caméra. » S’il est aisé de comprendre qu’il est difficile d’équiper chaque édifice d’un système de surveillance vidéo, il l’est moins de souligner « qu’il n’y a pas de lumière dans les caves depuis un bout de temps… »

« C’est pour faire venir police et pompiers… »

« La Madeleine n’est pas une zone de non-droit », tance Nicolas Gavard-Gongallud, adjoint à la sécurité à la Ville. Des propos faisant référence à la prise à parti d’agents municipaux intervenant sur l’incendie s’étant déroulé le week-end dernier. « C’est un mode opératoire malheureusement bien connu, on fait venir police et pompiers pour s’en prendre à eux… » L’adjoint à la sécurité souligne un suivi très attentif de la situation, et signale « qu’une réponse ferme sera apportée à ce problème ».

En attendant cette fermeté annoncée, nos témoins retrouvent leurs appartements. Et pour bien se remémorer cette mauvaise soirée, une habitante rapporte que « l’odeur de brûlé a complètement imprégné mes tissus. Ce n’est vraiment pas facile à faire partir. »

Jérémy Bonnet avec M.B.