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En grève, la police municipale du Havre veut plus de moyens : « On n’est pas à l’abri d’une attaque »

Au Havre (Seine-Maritime), les agents de la police municipale sont en grève reconductible depuis lundi 23 avril 2018. Ils demandent notamment le droit de porter une arme létale.

Publié le 23 Avr 18 à 15:07
Au Havre, les agents de la police municipale sont en grève reconductible à partir de lundi 23 avril. (©Aurélia Morvan/Normandie-actu)

La colère monte au 5 rue Jules-Lecesne ! Depuis lundi 23 avril 2018, les agents de la police municipale du Havre (Seine-Maritime) ont entamé une grève reconductible. Ils réclament plus de moyens pour pouvoir assurer leur sécurité et celle des Havrais.

Chaque jour, à 11h, les agents en grève ont prévu de se réunir devant les locaux de la police municipale du Havre. « Le but est de montrer qu’on n’en peut plus », lâche une policière, au premier jour de la mobilisation.

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« On n’est pas à l’abri d’une attaque »

Au Havre, un policier municipal dispose d’une matraque, d’une petite bombe lacrymogène et d’un gilet pare-balles. Selon un gréviste, en leur imposant le port de ce dispositif de protection, la direction « reconnaît que les agents peuvent encourir un risque vital », mais ne leur « donne pas les moyens de riposter ». Et de résumer : « Si quelqu’un fait feu sur nous, on ne peut pas se défendre. »

Pour compléter leur équipement, ils réclament donc le droit de porter un pistolet de calibre 9 mm : une arme létale, déjà portée par les agents de la police nationale, qui leur permettrait de pouvoir répliquer, par exemple en cas d’attentat.

Sur la voie publique, les policiers municipaux assurent les mêmes missions que la police nationale, mais eux ne peuvent répondre que jusqu’à un certain niveau de menace. Or, quand on voit ce qu’il s’est passé à Saint-Étienne-du-Rouvray ou à Trèbes et du fait que Le Havre est la ville du Premier ministre, on sait qu’on n’est pas à l’abri d’une attaque.

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Au , les agents de la police municipale, en grève tous les jours jusqu’au 31 mai, ont investi le hall de la mairie : ils demandent notamment le droit de porter une arme létale pour pouvoir mieux défendre et se défendre. pic.twitter.com/OjTVH5i2bk

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Les policiers municipaux du demandent également à pouvoir porter un « taser » de façon individuelle de jour et de nuit. Une trentaine d’agents grévistes est actuellement reçue par le directeur général des services, en mairie. pic.twitter.com/s5d3HA1uzU

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« Il y a beaucoup de détresse »

Au-delà des moyens techniques, les agents, qui font grève en-dehors de leur temps de travail, demandent la revalorisation de leurs primes et la hausse des effectifs. « Sur le papier, nous sommes 94 agents, mais entre les burn-out, les dépressions, les longs arrêts maladie… Il y a beaucoup de détresse et un grand état de fatigue », constate une policière. Très remonté, l’un de ses collègues confirme la dégradation de leurs conditions de travail :

Avant, on était là pour renseigner et aider la population. Maintenant, on doit verbaliser pour remplir les objectifs fixés. Si on fait un simple rappel à la loi, on nous dit qu’on aurait dû mettre une amende. On travaille dans un climat de compétition, il y a une mise en concurrence des agents.

Après un premier piquet de grève, lundi 23 avril, une quarantaine de grévistes a investi l’Hôtel de Ville du Havre avant d’être reçus par le directeur du cabinet du maire et le directeur général des services municipaux. Au bout d’une heure d’échanges, la grève a été reconduite puisque les agents n’ont « pas eu de réponse », indique Nadia Pisiaux, secrétaire générale de la CGT Territoriaux du Havre.

Après la grève, la Ville du Havre annonce étendre l’utilisation du « taser » au sein de sa police municipale : 
À partir du 1er juillet 2018, « la Ville du Havre va étendre, y compris en journée, la dotation des agents de police municipale en pistolet à impulsion électrique (PIE) », a indiqué, dans un communiqué, la municipalité, lundi 23 avril 2018. Jusque là, seules les équipes de nuit étaient dotées d’un « taser ». Cette décision, qui représente un premier pas du maire vers les agents mécontents, ne répond pas pleinement aux attentes de ces derniers : s’ils souhaitaient pouvoir utiliser le « taser » en journée, ils n’en veulent pas un par équipe, ce qui a été annoncé, mais un par agent. La Ville, qui ne cède pas non plus sur la demande des grévistes de porter une arme létale, indique qu’« en complément, et pour répondre à un souhait des agents, une expérimentation du bâton télescopique sera mise en place, également en 2018 ».

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