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Comment Dijon veut devenir la première Smart City de France

Le résultat de l’appel d’offre, début septembre, est le point de départ officiel du processus qui va rendre la métropole de Dijon intelligente, en connectant et centralisant l’ensemble des services de la ville – tout en ouvrant les données collectées aux habitants, dans une démarche open data participative. Déjà à la pointe en matière d’équipements intelligents, Dijon, par l’ampleur et l’aspect transversal du projet, va devenir un laboratoire à grande échelle de la connectivité et des solutions smarturbaines.

Plusieurs grands groupes industriels étaient sur la ligne de départ de l’appel d’offre lancé, voici deux ans, d’un projet conséquent, par son budget (entre 100 et 150 millions d’euros), mais surtout par son ambition. La métropole de Dijon veut devenir la première ville française à généraliser les solutions intelligentes et connectées à l’ensemble des services urbains – transport au sens large, éclairage public, vidéosurveillance, feux tricolores, qualité de l’air, bornes d’accès au centre-ville, eau, gestion des déchets, etc.

« Nous allons réaliser la première smart city française »

Le coup d’envoi a été donné le 7 septembre 2017 par François Rebsamen, président de Dijon Métropole, en dévoilant le consortium vainqueur du projet, composé à 50/50 par Bouygues et Citelum, une filiale d’EDF. Ce consortium travaillera en collaboration avec Suez, qui gère déjà l’eau de la métropole, et Cap Gemini, qui s’occupera des solutions numériques et logicielles.

L’objectif est de faire de la métropole de Dijon, 24 communes et 265 00 habitants, un espace connecté, où l’ensemble des services publics seront pilotés à distance par un centre de contrôle unique, et pourront dialoguer entre eux. « Jusqu’à présent, ce type d’initiative n’avait porté que sur des quartiers ou sur des zones. Nous allons réaliser la première smart city française », a souligné Martin Bouygues, qui avait fait le déplacement. L’entrepreneur en a profité pour se féliciter que les quatre groupes impliqués dans ce projet soient tous « 100% français » – une belle opportunité pour renforcer la position de la France en matière de solutions Smart City opérationnelles.

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Une métropole déjà à la pointe des solutions intelligentes et centralisées

La métropole de Dijon n’en est pas à sa première innovation, elle est déjà à la pointe des solutions intelligentes et centralisées. Suez y a par exemple installé un système d’alerte au compteur d’eau pour des personnes âgées volontaires : si aucun robinet n’est ouvert pendant plusieurs heures, les proches sont informés. La métropole a choisi une entreprise unique, Keolis, pour gérer l’ensemble du secteur transports, circulation, stationnement, transports publics et feux tricolores. Keolis a notamment mis en place, fin 2016, des feux de signalisation connectés qui donnent la priorité au bus, augmentant les fréquences de passage de ces derniers.

La métropole a également déjà installé un système de géolocalisation sur 400 véhicules de fonction ; elle a équipé l’accès à son centre-ville de bornes pilotables à distance, pour protéger certains quartiers anciens, en limitant l’accès aux véhicules de livraison et aux riverains.

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Un poste de pilotage centralisé, pour créer une synergie entre tous les services municipaux

Toutes ces solutions seront bien entendues rattachés au nouveau projet, qui permettra de les améliorer, de la généraliser et de les intégrer au poste de pilotage unique. C’est une des révolutions que propose en effet le projet Smart City de Dijon : désiloter les six postes de contrôles actuels de la ville pour créer une synergie entre tous les services. Dans le détail, ce futur poste de pilotage remplacera le PC sécurité, le centre de la police municipale, le centre de supervision urbaine, le PC circulation, le service d’e-administration Allô Mairie et le PC neige.

Commandé par une équipe d’ingénieurs mixte privé / public, sous l’autorité d’un membre de la police municipale, ce poste centralisera l’ensemble des données récupérées à partir de tous les capteurs que le consortium va progressivement installer dans toute la métropole de Dijon.

Il s’agira d’un vaste système d’objets connectés, de caméras, de véhicules géolocalisés munis de capteurs, etc., qui enregistrera en temps réel l’état des services municipaux, mais aussi plus généralement de la ville : entre autre, état du trafic, du stationnement, qualité de l’air, niveau de nuisance sonore, déchets déposés, propreté, positionnement de l’ensemble des véhicules municipaux, accidents ou travaux en cours, manifestations, attroupements, rixes ou bagarres, incendies, verglas, neige…

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Les habitants au cœur du projet

Le projet s’appuiera également sur les citoyens, qui seront invités à signaler tout événement notable, qu’il s’agisse d’un accident ou d’un encombrant sur un trottoir. L’ensemble de ces données seront remontées au poste de pilotage où seront prises les décisions d’intervention, pour une ville plus réactive et plus proche des citoyens.

Les habitants pourront ainsi bénéficier d’une information en temps réel sur l’état du trafic, les places de stationnement disponibles, la pollution de l’air : « Les habitants gagneront en sécurité et en rapidité pour leurs déplacements, et pourront accéder de manière simplifiée à toutes leurs démarches auprès des services publics »explique François Rebsamen.

Rénovation de l’éclairage urbain, pour de belles économies d’énergie

Ce poste de pilotage doit être opérationnel dès l’année prochaine, mais ses prérogatives augmenteront avec l’installation des capteurs dans l’ensemble de la métropole. Parallèlement, le consortium va rénover totalement l’éclairage urbain. Les 34 000 points lumineux qui le composent seront progressivement remplacés par des LED associées à des capteurs permettant de faire varier l’intensité d’éclairage en fonction de la luminosité et de la fréquentation de la rue : ce chantier permettra, à terme, d’économiser 65% d’énergie sur le poste de l’éclairage urbain.

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La métropole a signé un contrat de 12 ans avec le consortium, pour un coût total de 105 millions d’euros, en dessous des estimations au lancement de l’appel d’offre, financé pour moitié par des aides de l’Etat. Les économies réalisées sur l’éclairage ainsi que l’abaissement des coûts de gestion de la ville « devrait représenter 15 millions d’euros d’économies sur la durée du contrat », estime François Rebsamen – un montant d’économie garanti solidairement par le consortium.

L’open data, un choix politique fort

Autre particularité de ce projet : la métropole a fait le choix de l’open data pour les données collectées : « Les données numériques, issues des services publics, qui remonteront au centre de commandement constitueront un bien public, et hormis les données personnelles (permettant d’identifier un individu), l’intégralité sera accessible à tous les citoyens. Cette accessibilité (l’open data) est un choix politique, et il est au coeur de notre projet » détaille François Rebsamen.

Cette volonté de transparence est également une première mondiale, une aventure dans laquelle Christophe Bonnard, PDG de Cap Gemini, a hâte de se lancer : « Jamais une ville n’a ainsi pensé à sécuriser le fait qu’elle resterait propriétaire de ses données et n’a adopté une position aussi claire sur le fait qu’elle fonctionnerait en open data ». Cette ouverture des données a aussi pour but de stimuler l’inventivité des start-up qui auront, ainsi, les éléments nécessaires à la création d’applications innovantes, destinées aux habitants de la métropole de Dijon.

Source:: Comment Dijon veut devenir la première Smart City de France

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