La gorge serrée, le personnel parcourt l’espace de la ludothèque, anéantie par cet incendie volontaire allumé vers 1 h 30 le 1er  janvier. Causé par une sorte de cocktail molotov, jeté à travers une vitre préalablement brisée.

Les caméras de vidéosurveillance montrent deux individus, sur place au moment des faits. Leurs visages cachés par la capuche de leurs blousons. Ils n’ont pas encore été identifiés., mais le nombre de caméras dans un très proche périmètre (une dizaine) va peut-être fournir des indices à la police.

« La question qui revient sans cesse, c’est : pourquoi ? », réagit Martine Pralon, la directrice. « Cette maison est au service des enfants, des familles, de la population, alors c’est incompréhensible. » Le personnel était tout spécialement fier de la ludothèque, « avec ses 1.500 jouets et jeux, tous fichus, de même que le logiciel lié », indique une animatrice, très émue.

« Elle était fréquentée par plus de 400 personnes, des enfants surtout, bien sûr, sans compter les classes accueillies, et parmi elles, des élèves souffrant de handicap », reprend la directrice. « Elle était la seule de la ville à proposer un service de prêts de jeux, ça marchait bien. »

Moins touchée, mais devenue totalement inutilisable elle aussi, la halte-garderie, avec sa dizaine de places. Ces deux équipements occupaient 300 m² du bâtiment. Le reste (1 300 m²) paraît épargné, au premier coup d’œil. Mais la suie des fumées s’est incrustée, dans des proportions variables selon les endroits, dans la salle polyvalente par exemple, comme dans le hall d’accueil. « À cause de ces suies, il faudra reprendre les peintures, sans doute changer les plaques de plafond, revoir l’électricité, le chauffage », explique Guy Peignier, directeur général des services techniques de la Ville.

750 inscrits

Cette maison, c’est 750 inscrits, pour des loisirs, mais pas seulement. 80 enfants et adolescents bénéficient sur place d’aide aux devoirs. 12 employés, une vingtaine de vacataires, près de 40 bénévoles sont nécessaires pour encadrer toutes les activités.

« Ce chiffre de 750 inscrits ne comprend pas les deux centaines de migrants qui viennent apprendre le français avec l’association AGIR. Ni la centaine de personnes qui se rend une fois par semaine dans notre épicerie solidaire », poursuit Mme  Pralon.

Juste à côté de l’établissement se trouve un petit jardin, baptisé « Square de la fraternité ». Les deux incendiaires n’ont jamais dû le fréquenter.

Joël MAMET