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Au Havre, un collectif contre les nuisances de certains motards

Nuisances. Un collectif de riverains dénonce les agissements de certains motards sur les axes du Havre, par beau temps, à proximité de la plage.

Le week-end devrait nous réserver de belles éclaircies. Du monde aux terrasses des restaurants de la plage et une circulation dense sur le boulevard Albert 1er. Dans le flux, quelques motos. Et de nouveau des riverains du front de mer agacés. Depuis quelques mois, ils ont constitué un collectif – « Havrais contre les nuisances sonores. » Dans leur ligne de mire, des motards commettant des infractions en toute connaissance de cause, avec un goût prononcé pour la provocation.

Tous les motards ? « Surtout pas. La majorité d’entre eux respectent piétons, cyclistes et riverains. Malheureusement, un petit nombre augmente son plaisir en produisant un maximum de bruit », justifie Daniel, fondateur et porte-parole de ce collectif revendiquant une cinquantaine d’adhérents. Coup d’accélérateur au feu rouge ou derrière une automobile dont le conducteur est peu enclin à se décaler, wheeling, ils vont encore en avoir plein les oreilles et alimenter leur blog et leur page Facebook de vidéos réalisées depuis leurs balcons. Une démarche bien inoffensive qu’ils comptent associer à la force du nombre pour peser sur les pouvoirs publics.

« Tout a débuté au printemps dernier. Au hasard de conversations, nous nous sommes aperçus que nous étions une poignée sur Le Havre et Sainte-Adresse à ne plus supporter ces nuisances provoquées par des équipements parfois non homologués et à avoir, dans notre coin, alerté la préfecture ou la ville. Puis, d’une poignée, nous sommes passés à un petit groupe à avoir, pour certains, alerté seul dans leur coin la sous-préfecture, la ville. Peut-être qu’une plainte collective aurait plus de poids. » Durant l’été, ils ont consciencieusement fait des relevés, rassemblé des preuves jusqu’à mesurer, à l’aide d’un sonomètre, boulevard François-1er, le vrombissement d’une moto à près de 125 décibels. Soit l’équivalent d’une sirène d’un véhicule de pompier. « Le bruit s’entendait au-delà du Muma », s’insurge un autre membre, préférant demeurer anonyme « par peur d’éventuelles représailles. » Alors que faire ? Les services de l’État et de la ville disent prendre le problème à bras-le-corps. Dans le courant de l’été, Yves Huchet, maire adjoint en charge de la voirie, recevait des membres de ce collectif.

Au cours des jours suivants, deux motards étaient verbalisés pour des vitesses retenues de 54 et 60 km/h sur le boulevard Albert-1er. « Conscient de la gêne pour les riverains, notamment sur l’axe très fréquenté qu’est le boulevard Albert-1er, le week-end ou les jours de beau temps, la police municipale réalise régulièrement des contrôles de vitesse et sonométriques. Ce qui a amené les services de la ville à limiter la vitesse à 30 km/h et à procéder à des aménagements de voirie pour empêcher les véhicules de prendre de la vitesse sur le boulevard (…) Sur les axes les plus exposés à ce type de nuisance, la police municipale a réalisé 96 contrôles sonométriques et a verbalisé 32 véhicules pour des nuisances sonores. » Sur l’ensemble du mois de septembre sept contrôles étaient ainsi programmés. Dont cinq sur le seul boulevard Clemenceau.

Mais parle-t-on de la même chose ? « Entre les rues du roi Albert, le Nice havrais et le boulevard Dufayel », poursuit l’habitant de ce quartier de Sainte-Adresse « ces motards peuvent, notamment la nuit tombée, accélérer à pleine puissance. Il n’y a, pour ainsi dire, pas de rues venant de la droite. On peut imaginer qu’ils roulent très largement au-dessus des 100 km/h »

Patrouilles et contrôles

Toutefois, si la sous-préfecture du Havre confirme que la sécurité publique multiplie patrouilles et contrôles, les services de l’État concèdent dans un courrier adressé au collectif une forme d’impuissance face à certains contrevenants. « Lorsqu’un comportement dangereux est constaté sur la voie publique, il s’avère très délicat pour les forces de l’ordre d’intercepter les auteurs, en raison des risques que ceux-ci font encourir pour eux-mêmes, pour les fonctionnaires de police et, surtout, pour les piétons et usagers de la route. » À l’arsenal répressif, les pouvoirs publics pourraient ajouter la prévention. En cela le collectif invite la ville à réfléchir à une campagne d’affichage invitant les motards à être plus souples du poignet droit. Réponse au printemps prochain ?

Les risques encourus : que dit le Code ?

Le décret 95-79 prévoit que « l’utilisation, en connaissance de cause, d’un dispositif ayant fait l’objet d’une procédure d’homologation, mais qui aura subi des modifications rendant l’objet ou le dispositif non conforme, est punie par une contravention de 5e classe. » Le montant de ce type de contravention est décidé au tribunal de police par l’officier du ministère public, mais ne peut excéder 1 500 €.
L’article R 318-3 prévoit que « l’émission de bruits susceptibles de causer une gêne aux usagers de la route et aux riverains » ou « le dépassement des valeurs maximales (contrôle au sonomètre) » ou un « dispositif d’échappement en mauvais état (défectueux, inefficace) » est puni par une contravention de 3e classe, d’un montant de 68 euros, de l’immobilisation du véhicule et de l’injonction de présenter le véhicule « exagérément bruyant » à un service de contrôle.
Ce même article prévoit aussi que « l’utilisation du moteur à des régimes excessifs » est punie par une contravention de 3e classe, d’un montant de 68 euros.
Christophe FREBOU

Source:: Au Havre, un collectif contre les nuisances de certains motards

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