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Armement des policiers municipaux : une formation mieux encadrée en pleine évolution

 Par Julie Clair-Robelet • dans : A la Une prévention-sécuritéActu experts prévention sécuritéFrance

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JCR

Depuis 2007, la formation à l’armement est strictement encadrée par le Centre national de la fonction publique territoriale. Les professionnels de la sécurité s’accordent pour dire que les policiers municipaux n’ont pas à rougir de l’enseignement dispensé, même s’il existe toujours des risques dans le maniement des armes.

Cela paraît difficile à imaginer, mais, avant les années 2000, certains policiers municipaux pouvaient être dotés d’armes de guerre sans avoir suivi de réelle formation. Cette époque est révolue. Ils sont aujourd’hui préparés par le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) et ne peuvent porter une arme à feu sur la voie publique sans avoir réussi une formation juridique et un stage pratique.

L’apprentissage technique est assuré par un moniteur en maniement des armes (MMA) de la police municipale, armé depuis au moins quatre ans, et lui-même formé pendant six semaines soit par la police nationale, soit par la gendarmerie. « On nous a mis la barre très haut : les gardiens de la paix ont à peu près la même durée d’instruction, mais elle est étalée sur un an », observe Sébastien Brignon, MMA au pôle « formation » de la police municipale de Lyon.

Stephan Savery, MMA et policier municipal à La Grande-Motte (Hérault), constate lui aussi « une réelle professionnalisation de la formation ». Il assure ainsi que les agents municipaux « n’ont pas à rougir devant leurs collègues nationaux », dont ils sont en quelque sorte « les représentants sur le terrain ». « Nous avons fait nos preuves. La police et la gendarmerie sont en sous-effectifs et ne peuvent être partout. Lorsque les gens ont besoin d’aide, nous sommes mis à contribution de la même façon », détaille-t-il.

Le stage technique est sanctionné par une évaluation le dernier jour. « Certains ont une réelle appréhension de l’arme. Nous leur apprenons que ce n’est pas elle qui est dangereuse, mais l’usage qu’ils en font. Notre objectif est de leur apprendre à tirer, mais aussi à ne pas tirer, à manipuler l’arme quelles que soient les circonstances, en toute sécurité pour eux et pour autrui », explique le MMA Lionel Vendima, lors d’une session dispensée au mois d’octobre au Grau-du-Roi (Gard).

Un nouveau métier

La plupart des stagiaires connaissent pourtant déjà très bien les armes à feu. Certaines promotions sont ainsi composées à plus de 80 % d’anciens policiers nationaux, gendarmes ou militaires.

« Il convient d’accompagner ce processus en termes de formation, car ces personnels arrivent avec de l’expérience et des compétences, mais il faut tout de même les préparer à un nouveau métier qui a des codes différents », souligne Franck Simonnot, conseiller technique auprès de la direction de la formation des policiers municipaux du CNFPT, lui-même mis à disposition par la direction de la formation de la police nationale. « Ce n’est pas parce qu’ils arrivent de la gendarmerie qu’ils sont meilleurs », confirme le MMA Stephan Savery. « Ils doivent apprendre de nouveaux gestes, engager de nouveaux rapports avec la population, avec les élus… Ils ne partent pas de zéro, mais doivent s’adapter. »

Le nombre d’échecs au module technique est de l’ordre de 10 %. Une fois la formation validée par le CNFPT, l’attestation est transmise à la préfecture. Le policier municipal doit alors encore attendre l’arrêté individuel préfectoral de port d’arme, puis la cérémonie de remise officielle des armes, souvent organisée au sein de la mairie.

Risque jamais nul

L’ensemble de ces formalités peut durer jusqu’à trois mois avant lesquels l’agent ne peut porter son arme sur la voie publique. La loi impose ensuite deux séances d’entraînement par an au cours desquelles au moins 25 cartouches doivent être tirées. Ce strict encadrement est-il cependant une garantie contre les bavures et les accidents ? Plusieurs incidents ont montré, cette année, que le risque n’est jamais nul avec une arme, ni chez les policiers municipaux ni chez les policiers nationaux.

Le 16 juin, au cours d’une séance d’entraînement, un MMA a ainsi blessé un policier municipal stagiaire au stand de tir de Marignane (Bouches-du-Rhône). A la suite de quoi, le CNFPT a décidé de renforcer la mission de sécurisation de ses dispositifs à la direction nationale de la formation de la police municipale, « en recrutant rapidement une personne dédiée à ces opérations de contrôle et d’inspection », souligne Olivier Degeorges, directeur de la formation de la police municipale et des acteurs territoriaux de la sécurité publique.

« Nous devons nous interroger sur nos procédures et les renforcer pour diminuer le risque d’accident », précise-t-il. Pour les collectivités, le contrôle rigoureux des formations est rassurant, mais constitue aussi un coût non négligeable qui peut représenter un frein. Certaines communes, à l’image de Saint-Etienne, ont choisi de mettre en œuvre la formation préalable à l’armement en intra. Elles doivent alors disposer d’un stand de tir et d’au moins deux moniteurs. Le coût évolue ensuite selon ce que la collectivité peut mettre à la disposition du CNFPT – jusqu’à 1 200 euros environ.

Selon Olivier Degeorges, le CNFPT doit maintenant « confirmer qu’il est en capacité de faire évoluer ses dispositifs », afin que la formation s’adapte aux missions des policiers municipaux, notamment dans le cadre de la police de sécurité du quotidien qui sera expérimentée début 2018.

FOCUS

« Il n’y a pas d’uniformité dans la dotation des armes »

David Lucas, commandant du peloton d’intervention professionnelle et d’entraînement physique, militaire et sportif à l’école de gendarmerie de Rochefort (Charente-Maritime)

« Compte tenu des nombreuses évolutions du statut des policiers municipaux, j’ai dû m’adapter, avec mon équipe, pour construire une nouvelle mallette pédagogique validée par le CNFPT. Nous avons ainsi formé 20 moniteurs en maniement des armes, en mars 2017. La principale difficulté résidait dans le choix des armes, propre à chaque mairie.
Parmi les stagiaires, certains étaient ainsi munis du revolver et du pistolet à impulsion électrique, d’autres venaient de s’équiper en pistolet 9 mm, d’autres encore avaient l’ensemble des armes mais n’utilisaient pas tout. Il n’y a pas d’uniformité dans la dotation. Les MMA ont cependant un très bon bagage pédagogique pour former les futurs policiers municipaux. Ils sont, bien sûr, aussi bien préparés que les gendarmes puisque ce sont ces derniers qui les instruisent ! »

FOCUS

 Une évolution des missions qui implique une préparation adaptée

« Les policiers municipaux sont aujourd’hui aussi bien formés que les policiers nationaux et les gendarmes », affirme Gérard Gormand, référent « formation » de la ville de Nîmes et moniteur en maniement des armes de la police municipale. Pour cet ancien membre d’une unité d’intervention de la gendarmerie nationale, « les formations au tir des policiers municipaux sont devenues très professionnelles et adaptées à la voie publique ».

Il constate ainsi que « c’est le policier municipal qui, bien plus que le policier national ou le gendarme, est sur le terrain et intervient en primo-arrivant ». Dans sa ville de Nîmes, « comme dans la plupart des grandes villes, on retrouve fréquemment un équipage de la police nationale et plusieurs équipages de la police municipale lors des interventions ». Policiers nationaux, municipaux, gendarmes et militaires peuvent donc, selon lui, « être confrontés au même type d’incivilité, d’agression, voire d’acte terroriste ».

Face à cette évolution des missions, « le regard porté sur les policiers municipaux est en train de changer, mais il faut du temps », souligne Gérard Gormand. « Certains maires ont encore une vision un peu dépassée de la police municipale et refusent de l’armer. Je trouve particulièrement dommage que l’on ne donne pas les moyens aux policiers municipaux de défendre nos concitoyens », soutient-t-il, estimant que « tous les policiers municipaux devraient être équipés de la même manière ».

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