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Affaire Seznec. L’origine de l’os contestée par des anthropologues

Posted On 27 Fév 2018
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L’os découvert dans l’ancienne propriété des Seznec à Morlaix, au terme d’une journée de fouilles, est-il d’origine humaine ? Cette question agite depuis samedi les passionnés de l’affaire Seznec, qui continue d’intriguer près d’un siècle après les faits. Pour des anthropologues, l’os ne ressemble pas à celui d’un humain et appartiendrait plutôt à un jeune bovidé. L’occasion pour Denis Seznec, descendant de Guillaume Seznec, de critiquer la « lamentable démarche des chercheurs de cadavre ».

Saura-t-on un jour si Guillaume Seznec a tué Pierre Quéméneur ? Le tournant pris par l’enquête ce week-end donnait bon espoir aux passionnés de l’affaire et à l’ancien avocat de la famille Seznec, Denis Langlois. C’est à son initiative et à celle de Bertrand Vilain, auteur d’un livre sur l’affaire, qu’ont été entreprises samedi et dimanche des fouilles « privées » dans l’ancienne propriété de la famille Seznec à Morlaix. L’objectif : y retrouver des traces du corps de Pierre Quéméneur.

Samedi, rebondissement inespéré : un os est découvert dans la propriété. « On n’a pas creusé au hasard. […] On avait une information solide », a expliqué Bertrand Vilain, en référence aux révélations que lui aurait faites le fils du couple Seznec. Selon ce dernier, « Pierre Quéméneur aurait tenté d’abuser de l’épouse de Seznec, qui se serait défendue avec un candélabre ».

Une fois les autorités sur place, l’os est photographié avant d’être envoyé pour analyse. Le procureur, dépêché sur les lieux, s’exprime alors devant la presse : « Ça pourrait être un os humain, déclare-t-il, peut-être une tête de fémur ».

L’extrémité d’un fémur de bovidé

Cette information n’est pas passée inaperçue dans la communauté des anthropologues. Car une tête de fémur, à en croire William Berthon, archéo-anthropologue, doctorant à l’EPHE (PSL Research University, Paris) contacté par Ouest-France, ça ne ressemble pas du tout à ça. « On ne peut pas être totalement certain tant qu’on n’a pas l’os en main et qu’on ne peut pas le manipuler »prévient-il d’abord « mais ça ressemble beaucoup plus à l’extrémité d’un fémur de bovidé ». « Ce qui exclut l’origine humaine, c’est la taille de l’os et sa morphologie. Il ne ressemble pas à l’extrémité d’un fémur humain. »

Dans un communiqué, Patrick Boquet, l’avocat de Denis Seznec, descendant de Guillaume Seznec, s’est réjoui de ces constatations : « L’ancien avocat [Denis Langlois] était sûr de sa prétendue vérité illégalement acquise. On allait voir ce qu’on allait voir. Et on a vu : des scientifiques ont déjà démonté la lamentable démarche des chercheurs de cadavre, avec un humour salvateur : il s’agit d’os de bovidés ».

À ce jour, aucune certitude n’est pourtant permise. D’autant qu’un second os aurait été retrouvé dimanche, sur lequel rien n’a encore été rendu public. Selon nos informations, les os ont été confiés à un anthropologue de la région. Il devrait se prononcer dans les prochains jours.

 

Tant que l’origine des deux os ne sera pas scientifiquement déterminée, la passion qui entoure cette affaire depuis 1923 alimentera la chronique. Aujourd’hui, cet os relance la discorde entre deux thèses sur la disparition de Pierre Quéméneur. Pour Denis Seznec, Quéméneur a sans doute été tué à Plourivo (Côtes d’Armor). Pour Denis Langlois, la vérité se trouve, peut-être, dans le cellier de l’ancienne propriété des Seznec, à Morlaix.

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