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đŸ‡«đŸ‡· Policiers et gendarmes : pourquoi sont-ils de plus en plus nombreux Ă  rejoindre la police municipale ?

Posted On 02 Fév 2025
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Depuis quelques annĂ©es, un nombre croissant de policiers nationaux et gendarmes quittent leurs fonctions rĂ©galiennes pour rejoindre la police municipale. MobilitĂ© gĂ©ographique facilitĂ©e, meilleure rĂ©munĂ©ration et conditions de travail plus attractives sont autant de raisons qui expliquent cet engouement. Mais ce transfert massif suscite aussi des interrogations au sein des forces de l’ordre et des collectivitĂ©s.

Des salaires plus attractifs en police municipale

L’un des principaux attraits de ce passage concerne la rĂ©munĂ©ration. « J’étais sous-brigadier en police nationale et je suis devenu chef de service en police municipale, ce qui m’a permis d’ĂȘtre payĂ© une fois et demie mon ancien salaire », tĂ©moigne Damien Fouque, dĂ©lĂ©guĂ© syndical Alliance PM Paris. Ce cas n’est pas isolĂ© : en Seine-Saint-Denis, une gardienne de la paix a vu son salaire bondir de 1 000 euros en rejoignant la police municipale.

Cet « appel d’air » a entraĂźnĂ© une vague de demandes similaires. Cependant, les autoritĂ©s ont freinĂ© ces transferts pour ne pas dĂ©stabiliser les services concernĂ©s.

Une tendance stable depuis 2020

Si le phénomÚne ne constitue pas un raz-de-marée, il reste significatif. Selon un rapport parlementaire de 2023, plus de 10 % des recrutements en police municipale proviennent de ces passerelles. En 2020, 240 gendarmes ont rejoint la police municipale, un chiffre qui est monté à 630 en 2022 avant de redescendre à 509 en 2023.

Les motivations sont claires : rĂ©duction du stress, missions de proximitĂ©, moins d’interventions de police judiciaire et une activitĂ© plus opĂ©rationnelle que purement administrative.

La guerre des recrutements entre municipalités

Face Ă  la pĂ©nurie de candidats, certaines communes n’hĂ©sitent pas Ă  jouer sur les primes, les heures supplĂ©mentaires et les avantages sociaux pour attirer des agents dĂ©jĂ  formĂ©s.

« J’ai vu des mairies prĂȘtes Ă  payer des heures supplĂ©mentaires au forfait, rĂ©alisĂ©es ou non », dĂ©nonce JĂ©rĂŽme Raguenard, expert en recrutement policier. Un systĂšme qui peut sembler allĂ©chant, mais qui prĂ©sente un revers : ces primes et heures supplĂ©mentaires ne sont pas intĂ©grĂ©es au calcul de la retraite.

Une mobilité plus rapide et un meilleur équipement

Autre atout majeur : la flexibilitĂ© gĂ©ographique. Contrairement Ă  la police nationale, oĂč une mutation peut prendre plus de dix ans, la police municipale permet de choisir sa ville d’affectation beaucoup plus rapidement.

De plus, l’équipement joue un rĂŽle dĂ©terminant. « Les policiers municipaux ont souvent du matĂ©riel plus performant que nous », confie un policier national. Certains services municipaux disposent de vĂ©hicules plus puissants et de locaux mieux entretenus que ceux de la police nationale.

Une compĂ©tition entre communes et l’impact de l’armement

Le dĂ©bat sur l’armement des polices municipales influence Ă©galement les recrutements. « Une ville qui arme ses agents attirera plus facilement des policiers nationaux en reconversion », explique un expert en recrutement.

Cependant, l’adaptation n’est pas toujours Ă©vidente. « Un bon gendarme ou un bon policier ne fait pas nĂ©cessairement un bon policier municipal », prĂ©vient Ludovic Durand, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de FO PM. Le passage d’une culture policiĂšre Ă  une autre peut crĂ©er des tensions entre agents.

Un phénomÚne appelé à durer ?

Alors que 11 000 postes de policiers municipaux sont Ă  pourvoir d’ici 2026, cette tendance devrait se poursuivre. Toutefois, il est peu probable qu’elle se transforme en transfert massif, tant les deux mĂ©tiers restent diffĂ©rents dans leur essence.

La police municipale attire, mais les ex-policiers et gendarmes doivent peser le pour et le contre avant de franchir le pas. Entre gain immĂ©diat et impact sur la carriĂšre et la retraite, le choix doit ĂȘtre stratĂ©gique.

Source : Le Point

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